vendredi, juin 30, 2006

Les origines du culte de l’arbre

Par la date de sa célébration, les éléments qui le caractérisent, son implantation géographique et sa forme d’organisation sociale, on reconnaît une origine celtique au rituel funéraire breton ; de même, en Roumanie, les origines du culte de l’arbre se fondent dans l’héritage dace. Ces pratiques païennes ont cependant été partiellement perpétuées après la christianisation si bien qu’au XXe siècle le culte de l’arbre est toujours ancré dans les traditions roumaines et bretonnes.

1) « Samain » celte et Toussaint

En Bretagne, la Toussaint marque davantage la fête des trépassés que celle de tous les saints. Dans ce pays où « le séjour des morts se confond avec celui des vivants », écrit l’ethnologue Anatole Le Braz, la Toussaint célèbre les âmes des disparus, des trépassés, et « ces êtres d’outre-tombe sont désignés par un nom collectif : ann Anaon, les Âmes. »

À Plougastel-Daoulas, la Toussaint se confond aussi avec la Fête des Morts ou Nuit des Morts. C’est le jour de l’ancienne fête irlandaise du 1er novembre – « samain » – qui marque le début de l’année celtique. C’est l’époque des calendes de l’hiver (« kala goañv ») qui désignent en breton comme en gallois les premiers jours de novembre, le mois des morts mais aussi celui des semailles, de la vie.

2) Héritage dace et christianisation en Roumanie

En Roumanie Michel Dion, ethnologue, écrit qu’« aujourd’hui, on revendique un double héritage, celui des Daces et celui de la colonisation romaine des premiers siècles de notre ère. Par les Daces, on remonte vers les croyances et les mentalités du néolithique et par la colonisation romaine, on trouve le christianisme des origines ».

On sait, d’une manière générale, comment l’Église a pu triompher ou convertir les croyances païennes, les anciennes fêtes et de nombreuses autres occasions de réjouissances populaires. Pourtant il est toujours possible de reconnaître sous une forme plus ou moins résiduelle quelque élément témoignant d’une forme plus ancienne de telle croyance ou telle célébration festive à présent éclipsée par le christianisme. Le rituel funéraire breton en est une bonne illustration. Dans cette perspective, qu’il s’agisse de l’Église catholique ou orthodoxe, le christianisme ne nuit pas à la reconnaissance d’un substrat antérieur.

Bibliographie

Michel Dion, « Religion et politique dans la République Socialiste de Roumanie », Ethnologie des faits religieux en Europe, Colloque CTHS, 1988, Paris, 1993.
François-Marie Luzel, Légendes chrétiennes de la Basse-Bretagne, Paris, 1881.
Éric Martin, Milieu traditionnel et religion populaire. La cérémonie du breuriez à Plougastel-Daoulas, mémoire de Maîtrise, dact., UBO, Faculté des Lettres et Sciences Sociales Victor Segalen, CRBC, Brest, 1993.

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