vendredi, juin 30, 2006

Le culte de l’arbre ou la dendrolâtrie

Le culte de l’arbre ou « dendrolâtrie » (du grec « dendron » qui signifie arbre) est préhistorique ; il remonte aux origines les plus archaïques et procède de motivations originelles. L’arbre est l’une des grandes manifestations naturelles qui ont impressionné l’imaginaire de l’homme et qui ont contribué au développement de la sacralité des mystères de la nature ; l’arbre est un invariant culturel et cultuel universel.

1) De la vie à la mort

S’agissant d’un plant, en terre ou coupé, d’une branche, d’un pilier, d’une perche ou d’une croix, l’arbre est aussi un invariant temporel en dépit des mutations qu’il adopte dans la forme. Mais ce qui le caractérise, par-delà ses adaptations géographiques, temporelles et socioculturelles, c’est qu’il reste reconnaissable car primordial : il est la verticalité, le signe de l’ascension et de la conjonction entre deux mondes.

Dans toutes les sociétés, à un moment de leur histoire, l’arbre a été considéré en tant qu’« axis mundi » : il symbolise le trait d’union et le rapport entre le monde horizontal de l’homme et le monde vertical invisible d’au-dessus et d’en dessous, l’au-delà. Son culte est un moyen de régénération pour la société qui le célèbre et les traditions l’utilisant dans leur déroulement sont des fêtes de raffermissement et de rééquilibrage du corps social.

2) Le culte des sociétés traditionnelles

Le culte de l’arbre est attesté dans tout le domaine indo-européen et survit de nos jours sous une forme ou une autre. En lien direct avec la fertilité et la mort, sous une forme ancienne ou rustique héritée du passé millénaire et encore peu métamorphosée, il demeure observable aujourd’hui dans des sociétés considérées comme modernes sur le plan industriel mais restées traditionnelles sur le plan spirituel ; c’est le cas en Roumanie ainsi que dans certaines régions françaises. Les exemples français et roumain sont une parfaite illustration de la longévité et de la transmission des rituels de culte de l’arbre.

La Roumanie représente ici l’exemple le plus contemporain. Il témoigne d’une acculturation bien plus importante que l’exemple français pour le culte de l’arbre et de l’interpolation de nombreux éléments que l’histoire du christianisme en Roumanie explique partiellement. Selon Paul Henri Stahl qui a étudié la pratique du culte de l’arbre dans ce pays, « le phénomène s’explique aisément par les relations de la Roumanie avec la péninsule balkanique, et par l’influence du Proche-Orient. Le christianisme n’est pas exempt, à son tour, d’une certaine teinte de dendrolâtrie puisée en Syrie, en Asie Mineure et dans les Balkans, et garde des pratiques dont il a modifié l’esprit d’une façon fondamentale. »

Les populations limitrophes de la Roumanie ont aussi conservé des rituels similaires puisque « l’arbre et des souvenirs de la dendrolâtrie apparaissent dans l’art des Saxons et des Hongrois qui vivent à côté des Roumains, en Transylvanie ; on le retrouve dans celui des Slaves voisins, aussi. Les Turcs et les Tatares de la Dobroudja affectionnent plutôt le cyprès, qui se rattache à la même pensée. »

Bibliographie

Paul Henri Stahl, « La dendrolâtrie dans le folklore et l’art rustique du XIXe siècle en Roumanie », Archivio Internazionale di Etnografia e Preistoria, vol. II, 1959, Torino.

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